Procrastination diminuée... effectivement:
I Chronique d’une descente aux enfers
Découverte de la masturbation, sans éjaculation vers 10-11 ans, sur initiation de « plus grands », mais sans orgasmes
Premier orgasme sans éjaculation, vers 12 ans, par hasard en me frottant comme les gosses sur le matelas ; cela devient une habitude quotidienne (plutôt nocturne) ; première éjaculation quelques mois après
Quelques mois encore : découverte du porno par des magazines, puis par des récits érotiques. Surtout par la lecture de pages « chaudes » même dans la littérature normale. Là-dessus avec le haut débit généralisé et les sites pornos en libre accès, intensification.
Quelques années de plus : la masturbation est devenue quotidienne, puis très vite, avec l’accès libre aux sites pornos, se pratique deux ou trois fois par jour, ou plutôt par nuit. Parfois même il n’y avait qu’une masturbation dans une « séance » de plusieurs heures avec tout ce qui peut agrémenter (je ne donne pas de détail sur l’interactif de sites), avec une perte de la notion du temps, qui faisait arrêter vers deux ou trois heures du matin sans m’en rendre compte.
Aux effets négatifs s’ajoutent maintenant des troubles du sommeil – qui ont toujours existé - mais aggravés, et d’autant plus que je prenais pour m’endormir l’habitude de me masturber, presque sans plaisir, et en recommençant si je me réveillais.
Enfin un état de fatigue chronique, réel, difficile à porter au quotidien, d’où une difficulté pour le travail, et donc un besoin de s’occuper à des choses faciles qui ne demandent pas d’effort : et rien de plus facile que les visites sur les sites pornos.
Quelques tentatives pour arrêter, en terminale je crois : jamais plus de quelques jours, puis replongées, puis re-tentatives, etc.
Des épisodes semi-dépressifs (coups de blues), pas très prononcés, mais durables : comme un état constant, très supportable mais présent.
Pourtant pour les études (interminables) en fac et le reste : demeuré bon. Pareil professionnellement. Mais avec le sentiment de devoir faire chaque journée à l’arraché, et un air vaguement zombie…
Comme pour l’essentiel mon boulot est à la maison, avec quelques heures de bureau en semaine, et en bibliothèque, avec des savants eux-mêmes pas toujours parfaitement équilibrés, ça n’a pas été trop remarqué.
Bien sûr ce genre de travail, qui a de gros avantages, n’est pas précisément ce qui aide au sevrage : tu t’ennuies à mourir sur un texte chiant devant l’écran, tu t’arraches des phrases ; tu as besoin d’une mini évasion, tu cliques sur un site porno et ta main commence à te masturber presque sans que tu interviennes (je ne sais pas trop comment expliquer ça)
II. En sortir.
1. Une première étape.
Une rencontre. On s’est plu. J’ai été en couple. Cela a grandement facilité une partielle libération de mes addictions pendant la première année. Puis… leucémie, allers-retours quotidiens à l’hôpital, pendant des mois, décès. Je n’en suis remis que depuis peu. Depuis je suis célibataire et ne peux envisager une autre vie commune. Mais cette étape m’a laissé entrevoir que l’on pouvait en sortir.
Pourtant ça a été après le début d’une replongée dans les mêmes addictions, avec des tentatives d’en sortir par de courtes périodes d’abstinence, jamais longues, qui ne faisaient guère que préparer des replongées successives.
En outre l’addiction au porno hard sans masturbation, consulté pendant des heures durant restait. On s’illusionne gravement en pensant que c’est moins nocif.
Consultation d’un sexologue : verdict : « Pour certains alcooliques il est inutile même d’envisager une cure : le point de non-retour est dépassé ». Très motivant. Ceci m’a rendu allergique aux « spécialistes », aux « psys » en général et aux « coachs » auto-proclamés après avoir vu deux ou trois vidéos sur le sujet…
2. Un début de sevrage
a) les éléments déclencheurs
Une série de constations :
- A des moments de lucidité : je me rendais compte d’une spirale. Le porno hard ne suffit plus : il faut du trash – puis du déviant
- impossible d’avoir une érection en dehors du porno hard : je ne peux pas dire que je me masturbais à cause du porno que je regardais, mais plutôt que je devais en regarder pour pouvoir me masturber et atteindre l’orgasme
- Précisément difficulté grandissante pour atteindre l’orgasme : la masturbation doit être de plus en plus longue et énergique pour aboutir à un orgasme minable
- Autre dégringolade après : même lors d’un rapport sexuel je ne peux plus bander qu’en me masturbant ; puis en en rajoutant du porno hard en même temps ; puis je ne peux éjaculer qu’en me masturbant en plein rapport. Même là, l’orgasme devient de plus en plus difficile et long à atteindre
b) Des erreurs de débutant
Des tentatives de sevrage, hors du site que je ne connaissais pas : quelques jours à chaque fois, jamais plus longtemps
De cette période, deux erreurs m’apparaissent maintenant :
- Continuer par moment le porno passivement (et longuement) sans masturbation : c’est arrivé souvent en fait. Je peux témoigner que ça bousille tout autant le cerveau.
- L’edging : contreproductif et illusoire et frustrant
Puis sur le site : Là autre erreur : vouloir abandonner le porno et la masturbation en même temps. Pour une addiction sévère il ne faut pas faire les deux. En premier lieu abandonner le porno. Puis le fap en second, et avec des étapes. Le savoir m’aurait évité bien des pertes de temps et surtout des découragements. Et pour moi, se sevrer du porno a été plus difficile que de la masturbation.
3) Le sevrage avec l’aide du site : Bilan des deux ans
A) Les bienfaits
Beaucoup sont listés sur les post et les profils: je ne mets que ceux que j’ai effectivement éprouvés
1. Biologiquement
- Une nette augmentation durable de la taille des testicules, bien plus que doublés de volume, et de l’épaisseur du pénis. Cela me donne un peu d’assurance (c’est idiot, peu fondé, etc.. mais c’est ainsi)
- la voix est vraiment devenue plus grave : je pratique en amateur le chant lyrique, comme ténor. J’avais du mal dans les notes graves : depuis je les réussis sans peine. Comme des pros m’en ont fait la remarque, j’en conclus que ce n’est ni un placebo ni une impression subjective
- une fatigabilité bien diminuée, mais qui restera sans doute (devenir « la meilleure version de soi-même » comme on le dit souvent ne veut pas dire viser à devenir un Rambo (on devine que ce nom n’évoque rien de bien positif pour moi)
- un sommeil pas excellent, loin de là, mais bien meilleur, ce qui est appréciable pour un insomniaque
2. Dans les relations:
- une lucidité sur les faiblesses humaines, les tares de milieux etc… mais qui ne s’accompagne plus d’un mépris généralisé (où je m’incluais moi-même)
- une reprise des contacts familiaux, redevenus très proches, qui n’avaient jamais été rompus, mais distendus (un peu pour me préserver d’un milieu gentil mais surprotecteur à l’égard de tous les éléments mâles)
- un intérêt pour les personnes, que je comprends mieux ; en être sorti donne plus de facilité pour comprendre ce que peuvent vivre les autres, même dans des domaines très différents. Aussi un repérage plus rapide des « toxiques » : à fuir et sans discussions.
3. Professionnellement
- Une aisance à parler, même en amphi, où je peux même être brillant, ce dont je n’abuse pas du fait d’un tempérament réservé et de mon agacement devant ceux qui la ramènent…
- Un esprit nettement plus clair ; une mémoire très fidèle (un peu trop je trouve) ; une intelligence plus pénétrante qui m’aide dans mon travail
- une capacité à abattre une quantité de travail assez soigné et où il faut rester pinailleur
4. Caractère
- beaucoup moins de sautes d’humeur ; un peu plus patient (ça je l’ai toujours été, voire un peu trop…) et d’agrément dans les relations quotidiennes (même remarque… mais avant en me forçant un peu et assez artificiellement : c’est maintenant devenu naturel, je veux dire conforme à ma nature), une empathie naturelle mais qui n’est plus destructrice, pratiquement plus jamais de colères (elles n’ont jamais été que des « colères blanches » : les autres ça fait du bruit et ça fait désordre…), et même dans certains cas (rares pour dire le vrai) j’arrive à dire non, même si ça doit faire un peu de peine
- La sensibilité reste, mais devient positive, du fait de la diminution de l’hypersensibilité
- Et je goûte simplement les petits plaisirs de la vie (une balade au soleil, une discussion agréable avec un ami, un parterre de fleurs, faire une tarte – aux pommes de préférence… maintenant un clafoutis aux cerises, je dis pas non – un bon film (rare ça ; je veux dire qu’il soit bon)
B. Les inconvénients du sevrage
Là aussi je ne mets que ce que j’ai pu constater : mais ce ne sont, je m’en aperçois à la longue, que des inconvénients illusoires, qu’il est aisé de voir positivement : ça leur fait perdre une grande part de leur aspect « chiant »
- les pollutions nocturnes ; là elles sont chez moi à répétition. Pour le coup c’est réellement chiant, mais pour des raisons pratiques, très secondaires en fait. Facile de positiver : ça soulage naturellement ; signe de bonne santé. Maintenant quand les rêves qui l’accompagnent font revivre les scènes du porno d’avant, c’est très pénible. Mais ça tend lentement à diminuer.
- Les érections : nettement revenues, plus fréquentes, plus durables et plus dures. Comme pour d’autres, ça a pu durer 1 ou 2 heures (no fake).
- au début : des difficultés d’endormissement à cause de l’habitude de se masturber pour y arriver, et de recommencer en cas de réveil en pleine nuit. Mais ça a tendu à diminuer et le sommeil redevient lentement meilleur.
Conclusions (pour moi) :
1. Ne tombez pas dedans
2. On peut TOUJOURS descendre plus bas : il n’y a pas de palier stable dans le porno avec la masturbation
3. Si on est tombé même très bas, n’écoutez pas ceux qui vous disent qu’on ne peut pas en sortir, et surtout ne vous écoutez pas vous-même vous dire la même chose.
4. S’en sortir seul dans les cas d’addiction grave, est quasi impossible : d’où la nécessité d’un site comme celui-là
5. Et c’est TOUTE votre vie qui est alors transformée en mieux.
Enfin, si vous intervenez sur le site, c’est bien de ne pas appuyer sur la tête de ceux qui sont en train de se noyer (les remarques du genre : « il suffit de vouloir pour arrêter » ; « si tu veux tu peux »)…
Pointer est devenu très dur avec la santé: le yoyo entre un peu mieux, mal, très mal, un peu mieux...
Au repos complet pour un temps indéterminé.
A +++ je ne sais pas quand.